Québec investit 300 millions $ US additionnels dans la production de l’A220 d’Airbus
MIRABEL — Québec délie à nouveau les cordons de la bourse pour assurer l’accélération de la production d’avions A220 d’Airbus à Mirabel. Le gouvernement Legault consacrera 300 millions $ US (413 millions $), tandis que la compagnie investira 900 millions $ US (1,24 milliard $).
C’est un total de 1,2 milliard $ US (1,6 milliard $) que les deux partenaires ont annoncé mardi après-midi dans les installations d’Airbus à Mirabel dans les Laurentides. Avec ces nouvelles sommes, Québec maintient aussi sa quote-part de 25 % des actions d’Airbus Canada et repousse sa sortie de ses investissements à 2035, plutôt que 2030.
L’entente garantit aussi que les deux tiers des emplois liés à la construction des appareils A220, qui est anciennement la CSeries de Bombardier, seront au Québec, a indiqué le premier ministre François Legault en conférence de presse. Le centre décisionnel restera lui aussi à Mirabel.
L’investissement vient «protéger 3500 emplois en moyenne à 87 500 $ par année», a affirmé M. Legault.
«C’est une garantie où, entre autres, le montant de 300 millions $ US va être remboursable avec intérêts si jamais ce n’est pas respectée. Donc, il y a intérêt à ce que tout le monde respecte l’entente», a-t-il dit.
De son côté, l’entreprise espère que les nouvelles sommes lui permettront d’atteindre son objectif de rentabilité pour l’A220: construire 14 appareils par mois d’ici 2026. Il s’agit de doubler sa capacité de production au cours des deux prochaines années.
Le partenariat renouvelé jusqu’en 2035 avec le gouvernement du Québec donnera «davantage de temps pour créer encore plus de valeur pour le programme A220», a dit le président-directeur général d’Airbus Canada, Benoît Schultz.
«Le programme ne gagne pas encore d’argent aujourd’hui», a reconnu M. Schultz. La multinationale a reporté sa cible de construire 14 avions mensuellement de 2025 à 2026, en raison de certains enjeux avec sa chaîne de fournisseurs, a évoqué le PDG.
Mais M. Schultz est optimiste que l’atteinte de l’objectif est désormais sur la bonne voie, soulignant notamment que l’entreprise a su augmenter sa cadence en 2023. «On a la demande. Les clients attendent nos avions», a-t-il affirmé.
Ce n’est pas la première fois que Québec apporte son soutien financier à la CSeries et l’A220. L’annonce de mardi porte à près de 2 milliards $ de fonds publics dans le programme. En 2016, le gouvernement libéral avait investi l’équivalent de 1,3 milliard $. En février 2022, le gouvernement caquiste avait annoncé un autre 380 millions $.
M. Legault a fait valoir que dans bien des cas le développement d’un nouvel avion a été soutenu par des aides gouvernementales «parce qu’il y a des retombées énormes», notamment en matière d’emplois.
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, s’est montré confiant que les Québécois retrouveront les sommes annoncées ce mois-ci et à l’hiver 2022.
«Les plans d’affaires qu’on a regardés font en sorte qu’on est relativement très confortables que nous allons récupérer les deux 300 millions $ et en plus de générer des retombées économiques pour le Québec qui vont être importantes en 2035», a-t-il soutenu.
Le syndicat des machinistes a également salué l’investissement de mardi. Selon l’organisation, il permet de «sécuriser les emplois».
«Avec ces investissements, on protège de bons emplois et on soutient une industrie hautement stratégique et bénéfique pour le Québec», a déclaré le vice-président canadien de l’Association Internationale des Machinistes et des travailleurs de l’Aérospatiale, David Chartrand, dans un communiqué.
Le syndicat critique toutefois l’absence du fédéral, lui reprochant un manque «de vision stratégique et d’une politique aérospatiale structurante».