N.-B.: Les conservateurs promettent une baisse de la TVH s’ils sont réélus
FREDERICTON — Le premier ministre progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, n’a pas encore déclenché d’élections provinciales, mais il fait déjà des promesses électorales.
Jeudi, le chef conservateur a annoncé que si son parti était réélu, il réduirait la taxe de vente harmonisée (TVH) de deux points de pourcentage, pour la porter à 13 %, au cours des deux prochaines années.
Les conservateurs s’engagent à réduire la TVH d’un point en 2025, puis d’un autre en 2026. M. Higgs a déclaré aux journalistes à Moncton, au Nouveau-Brunswick, que la réduction de la TVH, une fois pleinement mise en œuvre, coûterait à la province environ 450 millions de dollars par année.
La réduction de deux points ramènerait la TVH au niveau de l’Ontario, à 13 % et ce serait le plus bas taux du Canada atlantique, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador et l’Île-du-Prince-Édouard étant tous à 15 %.
Alors que les élections doivent être déclenchées d’ici le 21 octobre, le parti a tenu des conférences de presse simultanées à quatre endroits de la province pour annoncer une partie de sa plateforme.
À Fredericton, le candidat Kris Austin, qui est également ministre de la Sécurité publique, a mentionné aux journalistes que la réduction de la TVH permettrait au «Néo-Brunswickois moyen d’économiser environ 1000 $ par année».
«Décision stupide» et «mesure tape-à-l’œil»
Au moins un économiste a évalué que la promesse des conservateurs placerait la province dans une «camisole de force» en paralysant les recettes publiques à mesure que la population vieillit et que l’immigration est appelée à diminuer.
Il a ajouté qu’il pensait que M. Higgs était conscient que la réduction d’impôt mettrait à mal la capacité du gouvernement à payer pour les services. «Mais la tentation de se faire réélire est trop forte à ce stade. Il s’agit peut-être d’une mesure tape-à-l’œil mise de l’avant pour tenter d’inciter les Néo-Brunswickois à voter pour lui, mais c’est une mesure très préjudiciable pour une gestion financière à long terme», a-t-il soupesé.
Par exemple, a-t-il poursuivi, le Nouveau-Brunswick a besoin d’argent pour les soins de santé et d’autres services afin d’aider sa population âgée, qui compte actuellement 80 000 personnes et qui devrait atteindre 130 000 d’ici le milieu de la décennie.
De plus, a-t-il ajouté, la population du Nouveau-Brunswick a été stimulée ces dernières années par l’immigration. Mais les récents plafonds sur les immigrants temporaires annoncés par le gouvernement fédéral entraîneront une diminution du nombre de nouveaux arrivants dans la province — et donc une diminution des revenus. Réduire les impôts alors que les recettes sont sur le point de diminuer n’est pas financièrement responsable, a avancé M. Saillant.
L’économiste a également remis en question l’affirmation de Kris Austin selon laquelle le Néo-Brunswickois moyen économiserait 1000 $ par année grâce à la réduction de la TVH. Les citoyens à hauts revenus, a indiqué M. Saillant, qui dépensent environ 200 000 $ en produits taxables économiseraient environ 4000 $, mais une personne à faible revenu qui dépense environ 20 000 $ n’économiserait que 400 $, a-t-il nuancé.
«Ce que je veux dire, c’est que oui, cela apportera une aide aux Néo-Brunswickois, mais il existe des moyens bien plus efficaces de soutenir ceux qui en ont le plus besoin», a-t-il affirmé.
Quelques-unes des mesures immédiates que le gouvernement peut mettre en œuvre pour aider les gens sont un crédit d’impôt pour la TVH ou un chèque automatique envoyé chaque trimestre aux personnes qui gagnent moins d’un certain montant, ainsi qu’un plafond de loyer, a énuméré l’économiste.
Jill Green, candidate conservatrice dans Fredericton-Nord et ministre du Logement, a rejeté l’idée d’un plafonnement des loyers, affirmant jeudi que la mesure n’a pas eu un «impact énorme» dans les provinces qui en ont mis en place.
M. Saillant n’est pas d’accord. Lorsque la demande de logements dépasse l’offre, a-t-il expliqué, c’est le rôle du gouvernement de mettre en place des «mesures dynamiques et ambitieuses», parmi lesquelles le plafonnement des loyers.
L’opposition n’y croit pas
Le chef des Verts, David Coon, s’est dit «surpris» par l’annonce de jeudi. La priorité n°1 des Verts, a-t-il déclaré, est de «sauver» le système de santé en dépensant davantage pour recruter et retenir des infirmières et des médecins.
«Cela signifie que nous ferons un investissement générationnel, a-t-il annoncé. Une fois cet objectif atteint, s’il y a de l’argent disponible pour réduire la TVH, eh bien, nous y réfléchirons.»
La chef libérale Susan Holt a qualifié cette annonce de «dernier recours désespéré pour acheter les votes des Néo-Brunswickois (parce que les conservateurs) savent que leur temps est écoulé».
Son équipe, a-t-elle ajouté, a demandé à M. Higgs de supprimer la taxe sur les factures d’électricité, de se débarrasser de la taxe provinciale sur l’essence, qui, selon elle, a augmenté les prix d’environ quatre cents le litre, et de mettre en place un plafond de loyer.
«Ils continuent de refuser de s’attaquer sérieusement au système de santé et au coût de la vie et attendent des semaines avant les élections pour faire miroiter une réduction de la TVH», a dénoncé Mme Holt.