Les employés de la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout déclenchent une grève
Les employés de la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout ont déclenché une grève jusqu’au 2 août, excluant le week-end prochain, a annoncé lundi la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN).
«Malgré l’envoi d’avis de grève le 7 juin, les négociations ont peu progressé avec la Société des traversiers du Québec (STQ) au cours des dernières semaines. C’est pourquoi les travailleuses et les travailleurs de la traverse Matane-Baie-Comeau-Godbout exerceront la grève du 22 au 26 juillet et du 29 juillet au 2 août», a-t-elle fait savoir dans un communiqué de presse envoyé lundi après-midi, soulignant que les conventions collectives sont échues depuis le 1er avril 2023.
«Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons recours à la grève, indique le porte-parole des syndicats CSN de la STQ, Patrick St-Laurent. En annonçant nos journées de grève plus d’un mois à l’avance, nous pensions que la STQ prendrait la négociation au sérieux et qu’on pourrait conclure une entente avant aujourd’hui. Cela dit, nous sommes prêts à agir pour mettre de la pression afin d’obtenir un bon règlement.»
De son côté, la STQ soutient que les discussions progressent.
«Les discussions ne sont pas interrompues sur aucune des tables. Les choses avancent, mais le syndicat va de l’avant avec un moyen de pression à ce moment-ci quand même», a commenté la porte-parole Catherine W. Audet en entrevue.
Les deux parties ont rencontré de nouveau le conciliateur lundi.
«Je n’ai pas eu d’écho de cette rencontre, a précisé Mme Audet. L’important pour nous est de se rasseoir et de poursuivre les négos. Ce sont quand même 15 jours de conciliation qui ont eu lieu. Notre but est de faire avancer les choses.»
D’autres journées de négociations sont prévues. «Nous sommes dans un blitz», a-t-elle spécifié.
Selon la partie syndicale, «les négociations se butent sur une longue liste de reculs que la STQ veut imposer aux salarié-es».
Les salaires sont au cœur du conflit de travail.
«L’écart salarial entre les parties est très grand, en particulier pour celles et ceux qui gagnent le moins à la STQ, puisque les offres actuelles de l’employeur ne permettent pas de ramener les salaires à un niveau compétitif par rapport aux employeurs comparables», indique la FEESP-CSN.
La présidente du Conseil central du Bas-Saint-Laurent-CSN, Pauline Bélanger, soutient que le salaire moyen de 21,50 $ est insuffisant pour «joindre les deux bouts». Elle réclame «des conditions de travail concurrentielles».
«Il n’est pas normal que la majorité de ces travailleuses et travailleurs doivent cumuler un deuxième, et parfois un troisième emploi, ou doivent avoir recours à des banques alimentaires pour joindre les deux bouts. Avec un salaire moyen de 21,50 $ de l’heure, ce n’est pas si étonnant.»
Mandat de grève illimitée à la traverse de Sorel
Par ailleurs, les 70 travailleurs du traversier de Sorel/Saint-Ignace-de-Loyola, membres de la section locale 9599 du Syndicat des Métallos, se sont dotés d’un mandat élargi pour intensifier leurs moyens de pression.
Ils ont voté à l’unanimité en faveur d’une grève illimitée.
«Ils se sont dotés de ce levier-là. Vont-ils l’utiliser ou pas? Seul le syndicat peut décider d’aller de l’avant ou non avec le moyen de pression. Du côté de la STQ, on va tout faire pour ne pas que ça arrive, pour limiter les impacts sur les clientèles desservies», a expliqué Mme Audet.
Le comité de négociation et la STQ ont rencontré un conciliateur lundi dans l’espoir de faire avancer le processus.
La partie syndicale a déclaré dans un communiqué de presse que la frustration est palpable parmi les travailleurs du traversier.
«La lenteur des négociations prive les salariés de milliers de dollars depuis 16 mois, période durant laquelle ceux-ci sont sans convention collective», a affirmé Alain Gendron, membre du comité de négociation des Métallos du traversier, ajoutant que «les coûts de l’essence, de la nourriture et d’autres nécessités augmentent aussi pour ces travailleurs».
Selon Ève-Lyne Renaud, également membre du comité de négociation, «un rattrapage salarial s’impose rapidement, d’autant plus que la clientèle a doublé ces dernières années, ce qui représente le double de travail pour les employés et le double de revenus pour la STQ, mais rien pour les salariés».
Le syndicat souligne qu’une grève illimitée «affecterait non seulement les travailleurs, mais aussi la communauté et les usagers de ce traversier».
Les employés ont déclenché une grève vendredi dernier à 7 h et ont repris le travail lundi à 6 h 59.