Le député de Gatineau, Steven MacKinnon, est nommé ministre du Travail et des Aînés
OTTAWA — Le leader parlementaire du gouvernement et député de Gatineau, Steven MacKinnon, a été nommé vendredi ministre du Travail et des Aînés au sein du cabinet de Justin Trudeau dans un remaniement qui pourrait être le prélude à des changements d’une plus grande ampleur, alors que les libéraux tirent largement de l’arrière dans les sondages.
«C’est toujours un honneur», a déclaré M. MacKinnon en arrivant tout sourire à Rideau Hall, la résidence de la gouverneure générale, où s’est tenue la cérémonie d’assermentation en compagnie de M. Trudeau.
Quelques minutes plus tard, il a assuré aux journalistes que les libéraux entendent «continuer» leur travail, malgré leur impopularité. Selon lui, les Canadiens n’ont pas véritablement eu l’occasion d’étudier les offres politiques des différents partis et prendre leur décision. «Ce n’est pas aujourd’hui les élections», a-t-il lancé.
Le leadership de M. Trudeau a été particulièrement malmené depuis que ses troupes ont échoué à conserver ce qui était perçu comme un château fort libéral lors d’une élection partielle à Toronto le mois dernier, une défaite qui a provoqué des appels à la démission de Justin Trudeau de l’intérieur et de l’extérieur du parti.
Depuis ce temps, les libéraux affirment qu’ils sont à tirer des leçons de cette bataille. Encore vendredi, M. MacKinnon a assuré que le message a été «bien reçu» et que «les ajustements nécessaires» seront apportés. Et comme tous les ténors du parti, il a répété publiquement soutenir M. Trudeau.
Pour la professeure de science politique à l’Université d’Ottawa Geneviève Tellier, le premier ministre est rendu à l’étape d’apporter de grands changements – que ce soit par un remaniement ou autrement – afin de donner un nouveau souffle à son gouvernement et espérer sauver sa peau.
Face à la grogne au sein du caucus libéral et les appels à prendre des mesures pour renverser la tendance, Mme Tellier croit que le premier ministre ne pourra pas simplement s’en sortir en disant à ses députés «inquiétez-vous pas, ça va bien aller, les choses vont se mettre en place» lorsqu’il les rencontrera au début septembre.
«On a appris qu’il y avait eu une rencontre avec (l’ancien gouverneur de la Banque du Canada) Mark Carney, par exemple, il y a quelques jours, a-t-elle noté en entrevue avec La Presse Canadienne. Il y a d’autres personnes, plus ou moins ouvertement, qui se disent: « est-ce qu’il doit garder sa ministre des Finances? ».»
Le bureau de M. Trudeau a annoncé à travers une mise à jour de l’agenda public du premier ministre qu’une réunion virtuelle du cabinet avait débuté en fin d’avant-midi vendredi.
«Accélérer le contraste»
M. MacKinnon a jugé qu’«il est temps» pour les troupes libérales «d’accélérer le contraste» avec leurs adversaires politiques afin d’exposer aux Canadiens «la sorte de choix qu’ils devront faire aux prochaines élections».
Ce choix, a-t-il précisé, se fera «entre le Parti libéral du Canada, les réalisations que nous avons faites pour l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes, versus ce qu’offre M. Poilievre – des phrases creuses, des promesses vides».
«Nous savons que ce contraste va nous favoriser», a-t-il tranché.
À ce chapitre, la professeure Tellier a jugé «très révélateur» la manière dont est «cadré» ce contraste, ne mentionnant pas M. Trudeau qui est «devenu un problème» pour les libéraux alors qu’il les a conduits au pouvoir en 2015 et insistant sur Pierre Poilievre plutôt que sur la marque conservatrice.
Steven MacKinnon a accédé au conseil des ministres en janvier, comme leader du gouvernement à la Chambre. Il s’agissait de fonctions qu’il occupait par intérim durant le congé de maternité de la ministre Karina Gould.
Dans un communiqué, le premier ministre Trudeau – qui n’est pas venu répondre aux questions de la presse parlementaire – a précisé que Mme Gould retrouvera ses fonctions au retour de son congé, prévu à la fin du mois.
Il a également souligné le travail de M. MacKinnon dans les dernières années, notamment au chapitre des soins de santé, du changement abordable, de la syndicalisation et de la lutte contre les changements climatiques.
Le ministre québécois du Travail, Jean Boulet, a pour sa part félicité M. MacKinnon pour sa nomination. «J’anticipe dialoguer et collaborer avec Steven sur nos dossiers d’intérêt commun en matière de travail», a-t-il écrit sur X.
M. MacKinnon prend la relève de Seamus O’Regan qui avait annoncé jeudi quitter son poste au conseil des ministres, citant des raisons familiales pour justifier sa décision. Il demeurera tout de même député jusqu’à la prochaine élection.
M. O’Regan a été nommé ministre du Travail en 2021. Il est ensuite aussi devenu ministre des Aînés l’été dernier.