«Convoi de la liberté»: la défense présente ses arguments au procès de Pat King

OTTAWA — La défense au procès de l’organisateur du «convoi de la liberté» Pat King fait valoir que les manifestants ont été coincés au centre-ville d’Ottawa par l’intervention de la police pour mettre fin à la protestation ayant duré trois semaines, en 2022.

En février de la même année, la police d’Ottawa avait averti les manifestants qu’ils feraient face à des accusations s’ils n’arrêtaient pas de bloquer les rues, et M. King était l’une des personnes arrêtées au cours de l’opération.

Le principal intéressé a plaidé non coupable à des accusations de méfaits, d’avoir conseillé à d’autres de commettre des méfaits, d’entrave au travail des policiers et d’autres infractions.

M. King était une figure proéminente du convoi ayant congestionné la zone près de la Colline du Parlement dans le cadre d’une manifestation contre les restrictions de santé publique, les mandats de vaccination contre la COVID-19 et le gouvernement fédéral.

Devant la Cour supérieure de l’Ontario, l’avocate de la défense Natasha Calvinho affirme que ce sont tous les ordres de gouvernement qui ont laissé tomber les résidants d’Ottawa — pas M. King ou quiconque ayant protesté «pacifiquement» contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19.

«Les éléments de preuve de la défense établiront qu’il n’y a pas eu de méfait, qu’il n’y a pas eu d’intimidation et qu’il n’y a eu aucun conseil pour commettre une infraction pénale», a plaidé Me Calvinho dans son discours d’ouverture.

«Ma suggestion respectueuse est qu’on ne vous a présenté qu’une partie de l’histoire.»

S’adressant directement au juge Charles Hackland, elle lui a rappelé que «le contexte est essentiel» pour bien juger de toutes les preuves tout au long du procès.

La défense devrait appeler trois policiers d’Ottawa à témoigner.

Me Calvinho s’attend à ce qu’ils fournissent des preuves démontrant que les manifestants ont reçu des messages contradictoires de la police et que les policiers auraient pu faire davantage pour déplacer les camionneurs.

L’avocate fait également valoir que Pat King et d’autres camionneurs étaient barricadés par les forces de l’ordre, soulignant l’équipement lourd et les séparateurs de ciment que la police et les autorités municipales ont installés autour d’un périmètre du centre-ville appelé «la zone rouge» après le début de la manifestation

Elle ajoute que M. King ne contrôlait pas les autres manifestants dont les camions étaient garés dans les rues du centre-ville, et qu’il n’était pas responsable de leur venue ou des motifs de leurs actions.

Lorsque le procès de M. King s’est ouvert en mai, la Couronne a fait valoir que l’accusé était un leader de la protestation qui exerçait une influence sur les foules en bloquant les rues et en faisant retentir des klaxons à toute heure de la nuit et du jour.

La Couronne s’appuie principalement sur les propres vidéos de Pat King, qu’il a publiées sur les réseaux sociaux tout au long de la manifestation, pour documenter le mouvement et communiquer avec les manifestants.

Premier témoin

La défense a appelé mercredi son premier témoin, Daniel Bulford.

L’homme de 42 ans est un ancien officier de la GRC que les organisateurs du «convoi de la liberté» ont nommé coordonnateur de la sécurité.

M. Bulford a témoigné devant la Cour supérieure de l’Ontario que la police a encerclé le centre-ville de barricades, d’équipement lourd comme des niveleuses et d’autres véhicules urbains dans le but d’empêcher davantage de camions de s’approcher du parlement.

Le 14 février 2022, le gouvernement fédéral a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence pour la première fois depuis 1988, lorsqu’elle a remplacé la Loi sur les mesures de guerre, donnant à la police et aux banques des pouvoirs extraordinaires pour geler les comptes bancaires et mettre fin aux manifestations.

Dans le cadre de cette opération, MM. King et Bulford ont été arrêtés séparément le 18 février, le second n’ayant finalement pas été inculpé.

Il a témoigné mercredi que la police avait installé de nombreux grillages dans la zone qui fermaient l’accès aux véhicules et aux piétons, rendant plus difficile la sortie.

Il a mentionné qu’au début de la manifestation, il n’avait aucune idée qui était Pat King et il pensait que les dirigeants du mouvement du «convoi de la liberté» étaient Tamara Lich et Chris Barber.

Mme Lich et M. Barber ont également été arrêtés et inculpés pour leur rôle dans la manifestation. Leur procès pénal, qui se déroule séparément de celui de M. King, devrait se poursuivre le mois prochain.

La défense devrait appeler d’autres témoins jeudi et vendredi avant le début des plaidoiries finales, prévues en début de semaine prochaine.