Verger Hemmingford ferme ses portes définitivement

Actualité. En raison de difficultés financières, la cidrerie Verger Hemmingford est forcée de mettre la clef sous la porte. Cette situation survient presque 30 ans, jour pour jour, après la fondation de l’entreprise, le 18 juin 1994.

« À vous tous qui faites partie des 25-30 dernières années de notre grande aventure autour du cidre québécois, il est maintenant temps pour nous, pour François Pouliot et moi -Stéphanie -Beaudoin, de reconnaître que c’est bel et bien terminé. Bien sûr, on rêvait d’autre chose ; on souhaitait que l’issu de ce projet de vie, cette grande mission qu’on s’était donnée, celle portée par des valeurs réelles vouées au rayonnement de la culture d’ici, se termine autrement… Or, les aléas des affaires en ont décidé autrement. » C’est ainsi que les propriétaires de Verger Hemmingford ont annoncé la nouvelle sur la page Facebook de la cidrerie, le 24 juin.

Un peu d’histoire

En 1994, François Pouliot acquiert une maison datant de 1842, à Hemmingford, qui est entourée d’un verger. « Au départ, je voulais couper les arbres et planter de la vigne, explique-t-il. C’était compliqué la première année, alors je me suis dit tant qu’à avoir des pommes, aussi bien faire du cidre. » C’est ainsi qu’est née La Face Cachée de la Pomme.

En collaboration avec Christian Barthomeuf, l’inventeur de la recette du cidre de glace, M. Pouliot a élaboré une première cuvée de cidre de glace en 1997, qui a connu un vif succès. Leurs produits, qui ont remporté plus de 150 prix et distinctions, ont été vendus dans 26 pays à travers le monde.

Difficultés financières

En 2016, l’entreprise fait face à des difficultés financières et doit se placer à l’abri de ses créanciers. M. Pouliot s’associe alors à un groupe d’investisseurs afin de lui donner un nouveau souffle. Une mésentente entre les partenaires d’affaires a mené à la saisie des actifs de l’entreprise par une institution financière. En 2018, ce même groupe d’investisseurs qui devait contribuer à sa relance, a profité de cette opportunité pour mettre la main sur toutes les marques de commerce et l’inventaire de l’entreprise qui s’appelait alors Domaine Neige.

Bailleur de fonds

C’est cette situation qui est à l’origine des déboires auxquels fait face le Verger Hemmingford aujourd’hui.

« Quand nous sommes repartis en affaires, en 2018, ces escrocs nous ont laissés avec pas mal de dettes, explique M. Pouliot. J’ai tout réhypothèqué pour pouvoir fonctionner. Avec la pandémie, au lieu de partir en troisième vitesse, ça a été beaucoup plus lent que prévu. »

Un de leurs bailleurs de fonds, une personne qui œuvre dans le domaine immobilier, a décidé de reprendre son dû.

« Il a tiré la plug le 1er février, confie M. Pouliot. J’ai même encore du cidre dans les cuves, mais il a saisi les comptes de banque, donc je ne pouvais plus produire. On a essayé de s’entendre avec lui pour le racheter, mais il n’a rien voulu savoir. On a regardé tous les moyens, mais il n’y a rien qu’on pouvait faire pour éviter ça. On lui a donné les clefs du domaine et on déménage. »

La suite des choses

Contrairement à 2018, cette fois M. Pouliot conserve sa marque de commerce. « La marque LECIDRE, Verger Hemmingford, c’est à moi, et j’ai les recettes », affirme-t-il.

Entre temps, M. Pouliot a commencé à travailler comme chef cuisinier au restaurant Le Comptoir, à Saint-Jean-sur-Richelieu, où il emménage.

Ce dernier n’exclut pas de faire à nouveau du cidre. « Je n’aurai pas de verger, mais je vais -peut-être le faire produire par quelqu’un d’autre qui est déjà installé », conclut M. Pouliot.