La Voix: qu’arrive-t-il après l’aventure?
CHANSON. Jeffrey Piton, Valérie Lahaie et Thomas Hodgson resteront toujours associés à La Voix. Le Coup d’œil les a rassemblés pour connaître ce qui arrive après, lorsque les projecteurs sont fermés.
Chose certaine, l’expérience a été positive pour les trois artistes. Trois ans plus tard, Jeffrey Piton reste encore marqué par les nombreuses rencontres personnelles et professionnelles que lui a permis sa participation.
Même constat du côté de la finaliste en 2014, Valérie Lahaie. La chanteuse qui a pu compter sur l’aide d’Éric Lapointe pour l’écriture de son premier album Vertige a tissé des contacts importants grâce à l’émission.
«Certains contacts ne resteront pas, il ne faut pas se mentir, dit celle qui a terminé le 8 avril, à Farnham, une tournée de 50 dates. Ce que les gens aiment, c’est le show télé, pas les candidats. On est contents de le faire, on fait partie du spectacle, mais c’est La Voix qui prime. Après, certaines personnes arrêtent de nous suivre.»
Popularité
La courbe de progression des artistes se retrouve inversée lorsque ceux-ci participent à des concours de talents comme La Voix ou Star Académie.
Au lieu de monter graduellement, ils commencent au top, redescendent dans l’ombre après quelque temps et ils devront se démener pour remonter, expliquent-ils.
«On a démarré notre carrière publique en haut de la pyramide, pour après ça redescendre à la normale. C’est ce bout-là, où tu essaies de remonter, qui est difficile, explique Valérie Lahaie. C’est aussi difficile de remonter la pente que de la monter normalement.»
La Voix n’est donc pas obligatoire dans la carrière d’un artiste. Elle n’est pas non plus gage de réussite, selon celle qui enregistrera son deuxième album sous peu.
Trop d’artistes?
La panoplie d’émissions de talents produites durant plus d’une dizaine d’années a-t-elle produit trop d’artistes? Porté à répondre oui à la question, Jeffrey Piton y met toutefois un bémol.
«Il y a une certaine sélection naturelle qui se fait, dit-il. Le plus gros du travail se retrouve après> lorsque tu n’as plus les projecteurs et la grosse machine qui te plogue dans le 7 jours et à TVA. C’est après ça que tu vois qui ressort et qui persiste.»
Le Johannais affirme avoir eu une période de déprime l’année qui a suivi sa participation, et ce, même s’il revenait de tournée et que David Laflèche avait accepté de collaborer à son premier album. Il a toutefois repris les rênes de sa carrière et se prépare à enregistrer son second opus.
Auteur-compositeur
Ce qui a sauvé les trois artistes de l’oubli? Leur statut d’auteur-compositeur. Tous trois avaient, à la base, de l’expérience et ont su retrouver leurs racines après l’aventure dans laquelle ils ne peuvent qu’interpréter les chansons des autres.
«J’ai pris cela comme une résidence en interprétation, indique celui qui se fait affectueusement appeler Tho Ho. Le défi d’après, si tu es auteur-compositeur, est de proposer ton matériel tout en continuant de te faire apprécier du public.»
La transition entre les deux univers a été cruciale pour les artistes qui ont eu à jongler avec des commentaires mitigés du public qui était attaché au «personnage» présenté à l’écran.
«Certains spectateurs croient te connaître mieux que toi, car ils ont entendu trois chansons à La Voix», poursuit Valérie Lahaie. Ils te croisent dans la rue et te disent «c’est tellement pas toi» lorsqu’ils entendent tes propres chansons.»
Jeu télé
Avant toute chose, La Voix est une production télévisée. Comme dans toutes les émissions, Jeffrey Piton évoque la distribution des candidats.
«Chaque année, ils ont besoin du petit hipster à lunettes ou d’une fille qui chante fort, rigole-t-il. C’est une question de casting.»
Les éliminations font aussi partie du jeu. Thomas Hodgson qui a lui-même quitté l’aventure en 2014 lors des Champs de bataille met en garde les futurs candidats. Les éliminations dépendent de tellement de facteurs qu’il ne faut pas se remettre en question comme artiste après coup.
«Si tu le prends personnel, tu vas broyer du noir longtemps, dit-il. Pour rien en plus, car tu ne trouveras jamais la source exacte de ton malheur pour l’accepter et passer à autre chose.»