Une restauration pierre par pierre du Fort Lennox
HISTOIRE – Fermé depuis un an, le Fort Lennox fait l’objet d’un vaste chantier de revitalisation qui se poursuivra encore cette année. Si les travaux sont présentement en pause en raison d’une traversée impossible de la rivière, Parcs Canada a bon espoir de livrer la marchandise à temps pour une réouverture en mai 2020.
Annoncés en 2015, les travaux de 12 M$ visent d’abord la revitalisation et la préservation des structures actuelles.
Le principal ouvrage est la remise à niveau de la caserne, à l’intérieur du fort. Les ouvriers devaient stabiliser l’enveloppe en revoyant tout, de la fondation jusqu’à la toiture. La chargée de projets de Parcs Canada, Annie Géhin, indique que les travaux vont bon train. Les percées exploratoires qui avaient déjà été réalisées reflètent plutôt bien la réalité sur le chantier.
L’an dernier, l’équipe s’est affairée à remettre en état les fondations de pierre du bâtiment, précise Mme Géhin. Puisque la caserne est construite sur un sol argileux avec une nappe phréatique près de la surface, les pierres de fondation se sont détachées avec le temps. Les coins de la caserne se sont ainsi enfoncés.
Excavation
Pour remédier à la situation, l’équipe de Mme Géhin a consolidé les fondations et a ajouté 15 m3 de roche à la base de l’édifice, en creusant tout autour. Le labeur a été de longue haleine, alors que les travaux d’excavation étaient supervisés par des archéologues. «Il fallait aussi y aller doucement pour ne pas perdre les pierres d’origine», ajoute Mme Géhin.
Des découvertes ont été faites, confirme-t-elle, mais Parcs Canada attend toujours le rapport pour avoir le détail des artéfacts retrouvés sur le chantier.
Pierre par pierre
La maçonnerie extérieure sur tous les murs, excluant le fronton, a également été revue. L’équipe a réparé ou remplacé les pierres du bâtiment.
Si Parcs Canada tente de conserver autant que possible les matériaux d’origine, bon nombre de pierres ont cependant dû être changées, ayant été trop abîmées par les intempéries.
Il n’y a pas une pierre qui est de la même grandeur à l’origine. Si on ne les replace pas au même endroit, on risque de ne plus avoir le même aspect extérieur et de ne plus arriver aux bonnes hauteurs.
Annie Géhin, chargée de projet chez Parcs Canada
«Quand on les remplace, on essaie de les remettre dans l’état où elles étaient originalement, ajoute Mme Géhin. Les pierres sont livrées sur le chantier, puis burinées à la main pour la finition.»
L’équipe a dû numéroter toutes les pierres qu’elle a démontées pour s’assurer que chacune retrouve sa place d’origine.
Calcaire
La pierre de calcaire qui a servi à construire les murs du fort provient des carrières de l’Isle La Motte. Si l’endroit est toujours productif, Mme Géhin note qu’il est plus difficile d’y obtenir des pierres. L’entité gouvernementale s’est donc tournée vers d’autres carrières, à Montréal et Saint-Jacques pour trouver ces matières premières. Il faut toutefois s’assurer que le roc soit de la même couleur et de la même qualité que celui des pierres qui ornent déjà le bâtiment.
Déjà faits
Outre la caserne, Parcs Canada a aussi procédé au remaniement de plusieurs quais et a démantelé deux champs d’épuration sur la terre ferme, à l’arrivée du site, pour les raccorder au système d’égouts municipaux.
À l’intérieur du fort, des percées exploratoires ont été réalisées l’an dernier sur les bâtiments abritant les deux magasins et le corps de garde afin d’analyser leur état. Parcs Canada attend toujours le résultat de ces études.
«L’argent que nous avons reçu est uniquement pour les projets en cours, précise Mme Géhin. Si jamais les rapports nous demandaient de faire des travaux, il faudra aller chercher des fonds supplémentaires. Ce ne serait probablement pas pour l’été prochain.»
Contraintes
Le fait que le Fort Lennox soit situé sur une île a son lot de contraintes. L’équipe doit limiter le nombre de camions amenés sur le chantier. Le nombre de voyages qu’il est possible d’effectuer dans une journée est aussi restreint, tout comme la quantité de matériaux que l’équipe peut apporter.
L’an dernier, le niveau exceptionnellement bas de la rivière a donné du fil à retordre aux ouvriers. «Moins il y a d’eau, moins on peut mettre de matériel sur notre bateau, explique Mme Géhin. Ç’a été une grosse contrainte.»
L’arrivée hâtive de l’hiver a également forcé l’équipe à arrêter plus tôt. Pour recommencer les chantiers, il faut aussi attendre que la terre soit assez ferme, afin de ne pas trop perturber les sols archéologiques.
À venir
Au printemps, l’équipe se penchera sur la façade avant de la caserne où figure un œil-de-bœuf. L’escalier arrière devra aussi être démantelé et reconstruit en entier, tout comme les cheminées du bâtiment. En attendant, Parcs Canada travaille sur les plans et devis pour refaire les aires de services intérieures. Ces rénovations seront aussi effectuées l’an prochain.