Réduction des travailleurs étrangers temporaires:Des conséquences graves pour Veg Pro International
Agroalimentaire – L’entreprise Veg Pro International, située à Sherrington, sera frappée de plein fouet par les modifications apportées par Ottawa au Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), entrées en vigueur depuis le 30 avril. Si le gouvernement fédéral reste impassible face à ses demandes, Veg Pro pourrait être condamnée à fermer ses portes dans un avenir rapproché.
À partir du 30 avril, les frais imposés pour traiter les demandes des travailleurs qui désirent participer à ce programme passent de 275$ aux deux ans, à 1000$ par année.
Pour Veg Pro, qui emploie environ une centaine de travailleurs guatémaltèques, le montant qu’elle doit débourser pour traiter leurs dossiers passe d’environ 30 000$ aux deux ans, à 100 000$ par année, explique Chantal Teasdale, directrice des ressources humaines de l’entreprise.
Ces nouvelles règles imposent aussi qu’un maximum de 30% des employés soit des travailleurs étrangers temporaires. Ce taux passera à 20% au 1er juillet, puis à 10% en 2016. Non seulement les projets d’agrandissement de l’entreprise pourraient être compromis, mais elle pourrait même devoir cesser ses activités. «En 2016, on passerait de 120 travailleurs étrangers à 40, soutient Mme Teasdale. Et là, oubliez ça, on ferme nos portes! On ne demande pas d’argent, déplore-t-elle. On veut de la main-d’œuvre.»
Transformation
Ce sont les entreprises de transformation alimentaire qui seront principalement touchées par les changements apportés à ce programme. Veg Pro lave et emballe les produits qui proviennent de ses terres. Elle est donc considérée comme une entreprise de transformation.
Il existe deux autres programmes pour les travailleurs étrangers qui ne seront pas affectés par ces modifications. L’un d’eux concerne le travail de récolte dans les champs et l’autre encadre les travailleurs agricoles qui travaillent à l’année, comme dans les productions laitières, par exemple.
Veg Pro souhaite que le programme qui encadre le volet agricole à l’année soit étendu aux usines de transformation qui, comme elle, ne sont pas considérées comme des entreprises agricoles. De cette manière, elle pourrait se soustraire aux modifications qui viennent d’être apportées.
«La prémisse de cette réforme, c’est de dire que les entreprises n’ont pas fait leurs devoirs pour recruter des Canadiens, dit Mme Teasdale. Chez Veg Pro, on fait des démarches en continu pour faire du recrutement et deux personnes y travaillent à temps plein.»
Élus
Le député de Huntingdon, Stéphane Billette, a fait une sortie publique le 20 avril, aux côtés de la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, et du ministre du Travail, Sam Hamad, pour dénoncer la décision d’Ottawa. Ils demandent au gouvernement fédéral de reporter la mise en œuvre de cette réforme au Québec. Ils veulent entamer des discussions avec le gouvernement canadien plutôt que de se faire imposer ces modifications de manière unilatérale.
Ils étaient accompagnés de représentants de la Fédération des chambres de commerce du Québec, de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes et de Montréal International.
Selon eux, ces mesures ne tiennent pas compte de la réalité des régions et risquent de nuire aux entreprises québécoises. «Les gens veulent manger des produits québécois et le recours à des travailleurs étrangers temporaires permet à des centaines d’entreprises de notre région d’offrir à la population des produits de chez nous, soutient M. Billette. Ce changement du fédéral nuira au potentiel de production et de transformation de nos produits agroalimentaires par le manque de main-d’œuvre.»