Lacolle achète l’ancienne gare du CP
La municipalité de Lacolle se portera acquéreur de l’ancienne gare patrimoniale du CP et de son terrain. C’est toutefois dans la controverse, mardi dernier, que le conseil municipal a adopté à la majorité une résolution autorisant la signature de l’acte de vente. Le projet divise tant les élus que les citoyens. Près d’une cinquantaine d’entre eux étaient d’ailleurs entassés dans la salle surchauffée du conseil ou se tenaient dans l’entrée de l’hôtel de ville pour participer au débat. Deux points de vue s’affrontent: d’un côté ceux qui plaident pour la nécessité de protéger cet édifice unique du patrimoine lacollois et de l’autre ceux qui craignent de voir la municipalité engloutir de l’argent dans un projet qui n’est pas encore défini. Inaugurée en 1930, l’ancienne gare de Napierville Junction est en pierre de style château. Elle a été construite sur un modèle s’apparentant entre autres à la gare Viger du Vieux-Montréal. Sa valeur patrimoniale repose sur la rareté de bâtiments d’une telle architecture au Québec et son histoire. Elle est désaffectée depuis une quinzaine d’années et le temps a fait ses ravages. Il y a plusieurs années que le projet d’acquisition de la gare est évoqué. Mardi soir, le maire Yves Duteau était bien décidé à ce que le projet avance. Il y est allé de la proposition de procéder à l’achat. L’offre d’achat chiffrée à 23 300$ concerne le terrain de 90 871 pieds carrés. L’édifice est cédé pour 1$ par la compagnie de chemin de fer. Protection Pour le conseiller Samuel Comtois, l’achat de ce terrain est un investissement et le prix payé est en deçà de la valeur du marché. De plus, il estime que la municipalité doit en prendre le contrôle pour qu’il ne passe pas entre d’autres mains. Le conseiller Robert Patenaude, qui est du même avis, estime que le temps presse. Il ne veut pas voir la gare démolie et que se reproduise le même phénomène observé avec la Singer à Saint-Jean. La conseillère Huguette Hébert a aussi appuyé la proposition. Le maire veut aller chercher du financement à l’extérieur des coffres de la municipalité pour réaliser le projet. Il dit avoir rencontré le député Stéphane Billette à cet effet. Une corporation sera créée. Quant à la vocation future de l’édifice, la municipalité recevra les propositions des citoyens lors d’une soirée d’information en avril. Opposition Pour les conseillers Guy Lamirande et Sylvie Royer, la municipalité n’a pas les moyens de se payer une gare. Le conseil ne peut ignorer qu’une pétition circule dans la municipalité. Les opposants sont regroupés au sein du Comité des citoyens pour la surveillance des dépenses de Lacolle. Matin Lebrun, qui s’en fait un des porte-parole, a déposé au conseil une pétition comprenant 500 signatures. Les opposants veulent savoir qui paiera par la suite pour l’entretien de la gare. «Ça va être toi, dans tes poches. Il ne faut pas rêver en couleur», lui a répondu le conseiller Lamirande. Qu’en est-il des analyses du sol, a questionné un citoyen. «C’est tout fait», lui a répondu le maire. Le débat s’est prolongé une bonne partie de la soirée entre les opposants et les élus favorables au projet, mais aussi entre les citoyens. Le maire y est allé de coups de maillet à plusieurs reprises pour obtenir le silence et permettre la poursuite de la séance du conseil.