Deux naufragés des eaux du lac Champlain

Ghassan et Walid Boubez sont des habitués du lac Champlain, où ils pratiquent la voile. Ils ont eu la peur de leur vie lorsque leur petite embarcation s’est renversée dans des eaux glacées et tumultueuses avant d’être secourus par trois pompiers de Clarenceville – Noyan, le 3 mai.

Ghassan Boubez rapporte que la météo n’était pas clémente sur le lac Champlain ce jour-là.

«Le vent soufflait à 30 km/h avec des rafales à 40 km/h, avec des vagues de près d’un mètre, explique-t-il. Quand le vent monte, c’est comme une mer.»

Après avoir navigué pendant près de trois heures, les deux frères médecins à Montréal ont décidé de revenir vers le rivage. Au moment d’exécuter un revirement de bord, Walid est tombé à l’eau. Ghassan a tenté de maîtriser le voilier pour aller le récupérer, mais comme ce type d’embarcation se pilote à deux, il en a rapidement perdu le contrôle. Le bateau a chaviré à plus de deux kilomètres de la rive. Il a cependant réussi à s’agripper au voilier.

«On était en plein milieu, raconte M. Boubez. Même avec des jumelles, on ne pouvait pas nous voir à partir de la rive.»

Les deux frères se trouvaient dans l’eau, à environ 50 mètres l’un de l’autre, sans se voir.

«J’étais sûr que mon frère allait mourir, poursuit-il. Je me disais que si j’allais le chercher, j’allais mourir avec lui.»

L’eau était très froide, peut-être 4o Celsius, estime-t-il. Heureusement, les deux frères portaient une combinaison isolante et une cagoule. Aussi, lorsque le voilier s’est renversé, son mât d’environ six mètres s’est coincé au fond de l’eau, ce qui a permis à Walid de rejoindre son frère en nageant jusqu’au voilier.

«Autrement, j’aurais dérivé et mon frère n’aurait jamais pu me rattraper», précise l’autre.

Sauvetage

Les deux hommes ont tenté de redresser le voilier, sans succès. Ils ont décidé de grimper sur sa coque et de s’y agripper en attendant les secours.

«Le bateau bougeait beaucoup, dit M. Boubez. La coque était ronde et glissante. Il fallait s’accrocher. Chaque minute était une minute de peur.»

Grâce à un téléphone cellulaire gardé dans une boîte étanche, ils ont communiqué avec les services d’urgence. Après avoir passé près de deux heures dans l’eau, ils ont finalement aperçu un bateau qui se dirigeait vers eux. C’était l’embarcation d’un des pompiers de Clarenceville – Noyan, Marc Beriau. Ce dernier était accompagné de ses coéquipiers Charles Almond et Karl Loyer, chef des opérations du service d’incendie. En 36 ans de carrière, c’était la première fois que ce dernier portait ainsi secours à des gens en détresse sur l’eau.

«Quand on est arrivés, ils étaient très contents, explique M. Loyer. Ils nous ont serré la main. Ils n’étaient pas blessés.»

Il n’y avait aucun autre plaisancier dans les environs, ce qui fait dire à M. Loyer qu’ils auraient très bien pu passer la nuit dans l’eau, sans leur intervention.

«Ils auraient pu se noyer», pense M. Loyer.

Après avoir ramené les deux hommes à terre, les pompiers sont allés récupérer l’embarcation chavirée.

«Il fallait y aller, sinon on aurait eu d’autres appels en soirée de personnes qui auraient pensé que des gens étaient dans l’eau», explique M. Loyer.

Hommage

Les frères Boubez tenaient à remercier ceux qui leur ont porté secours. Ils ont donc assisté au brunch des pompiers de Clarenceville – Noyan, le 21 mai, pour leur témoigner leur gratitude.

«Nous voulons rendre hommage à toute l’équipe, explique Ghassan Boubez. Ce sont des héros et ils peuvent être fiers de ce qu’ils ont fait.»

Cette mésaventure n’a pas traumatisé les jumeaux au point de ne plus vouloir voguer sur l’eau.

«Nous sommes retournés deux fois sur le lac Champlain depuis que c’est arrivé», lance en souriant M. Boubez.