Bwa Nòb: Gilbert Besnard: tourneur sur bois et créateur de beauté
ART – Gilbert Besnard façonne le bois dans son atelier situé à quelques pas de sa résidence de Saint-Georges-de-Clarenceville, aux abords du lac Champlain. Son travail minutieux sur le tour révèle toute la beauté et la noblesse du bois, cachées sous son manteau d’écorce. Son grand talent lui permet de métamorphoser une bûche quelconque en une magnifique œuvre d’art. Bienvenue dans l’univers de Bwa Nòb.
En arrivant sur place, nous sommes aussitôt saisis par la grande beauté des lieux. Une brise se fraye un chemin au travers des arbres matures qui bordent le rivage. On entend la houle qui vient se casser contre les rochers polis par le temps.
Cet univers enchanteur a récemment servi au tournage d’une publicité de l’entreprise GoDaddy, avec nul autre que le joueur de la Ligue nationale de football, Laurent Duvernay-Tardif. Nous y reviendrons.
Portrait
Aujourd’hui ébéniste et tourneur sur bois, Gilbert Besnard est un jeune retraité qui a d’abord œuvré dans le secteur des technologies pour la télévision.
«J’ai décidé que l’échangeur Turcot n’était plus compatible avec ma qualité de vie», lance-t-il, sourire en coin.
Depuis un peu plus de deux ans, il a décidé de consacrer tout son temps à sa passion pour le travail du bois, à travers sa petite entreprise qu’il a nommée Bwa Nòb.
«Mon père était ébéniste de métier et ma mère a toujours été très habile de ses mains, explique M. Besnard. J’ai toujours bricolé et j’ai toujours eu un petit atelier.»
Technique
Autodidacte, M. Besnard a appris les rudiments du tournage sur bois grâce à Internet. Cela peut sembler simpliste, mais réaliser des pièces comme celles qu’il conçoit n’est pas donné à tous. «Ça prend un sens du design et de l’équilibre des formes», pense-t-il.
Il a commencé à se faire la main en tournant des stylos, puis des moulins à poivre et à sel. Aujourd’hui, sa technique est irréprochable. Il fabrique divers objets de grande qualité, avec des essences de bois du Québec soigneusement choisies.
Que ce soit des bols, petits et grands, des planches à découper, des sous-plats ou encore des mains de sel, chacune de ses œuvres est unique et nécessite plusieurs semaines de travail.
Il collabore parfois avec une boutique spécialisée pour laquelle il fabrique de manches de couteau japonais, dont certains se vendent jusqu’à 6000 $. Si la plupart sont faits en bois, il a déjà fabriqué un de ces manches à partir de fossile de mammouth.
À partir d’une bûche, la confection d’un bol de 25 cm de diamètre lui prend environ cinq heures, échelonnées sur plusieurs mois. Lorsqu’il reçoit son bois, M. Besnard doit d’abord le laisser sécher pendant six mois avant de le travailler.
À l’aide de son tour et de ses ciseaux à bois, il creuse ses bûches jusqu’à ce qu’il obtienne le résultat escompté. Viennent ensuite l’étape du sablage et la finition. Il n’utilise aucune teinture, mais seulement qu’une huile qui est sécuritaire pour les objets qui sont en contact avec de la nourriture.
«Tout est fait à la main, précise-t-il. J’en fais moins, mais c’est du très haut de gamme.»
Bois
Difficile pour M. Besnard de prédire à quoi va ressembler ses pièces lorsqu’il entame le travail de dégrossissage du bois. Les motifs se révèlent au fur et à mesure qu’il creuse la chaire de l’arbre.
Il découvre parfois des spirales aux teintes rouges, produites par le travail d’insectes dans certaines essences, comme l’érable ambrosia, ou encore des motifs aux fines lignes noires, fruit de l’action d’un champignon dans le bois coti.
M. Besnard s’approvisionne toujours localement. «Il y a beaucoup de gens qui savent ce que je fais et ils m’appellent quand ils coupent un arbre», dit-il.
Frêne, érable à Giguère, cerisier, il travaille avec une grande variété d’essences. «Un ami m’a déjà apporté des morceaux d’un bouleau qu’il avait planté il y a 30 ans, confie M. Besnard. Sa femme est décédée du cancer et il m’a demandé d’en faire des bols pour sa famille. C’est un privilège que j’ai eu…»
Pour M. Besnard, la pièce la plus recherchée ne correspond pas à une essence en particulier. Ce sont plutôt les loupes, ces excroissances que l’on aperçoit parfois sur le tronc des arbres, qui représentent la quintessence de la beauté et de l’originalité d’une pièce de bois, selon l’artiste.
«Une loupe, c’est le top, lance M. Besnard. Le grain s’en va dans toutes les directions. C’est souvent utilisé pour garnir les tableaux de bord des voitures de luxe. Tout le monde recherche ça.»
Inspiration
Grâce aux réseaux sociaux et à sa boutique en ligne, M. Besnard connait les préférences des gens. «Ça me donne un feedback et je sais ce qu’ils aiment ou pas», dit-il.
Il s’inspire de ce que d’autres artisans font, tandis que certains d’entre eux reprennent ses idées. «Il y a déjà quelqu’un de l’Amérique latine qui m’a demandé s’il pouvait s’inspirer de la forme d’un de mes bols, raconte M. Besnard. Moi, je regarde surtout ce que je n’aime pas pour ne pas le faire.»
J’invite les gens à venir me voir dans mon atelier. Ils prennent un bol dans leurs mains et ils ont un coup de cœur!
Gilbert Besnard, tourneur sur bois
NFL
Le 26 mai, une trentaine de personnes ont envahi son atelier qui a servi de décor pour le tournage d’une publicité de l’entreprise Go Daddy, qui se spécialise dans la création de sites Internet.
«Ma conjointe travaille dans le monde de la publicité et l’agence qui a fait cette pub connaissait ma conjointe et savait quelle était ma passion», explique M. Besnard.
Le concept de la publicité est de montrer une personnalité dans un contre-emploi. Dans ce cas-ci, ils ont retenu les services du joueur de football professionnel québécois Laurent Duvernay-Tardif, qui évolue dans la NFL avec les Chiefs de Kansas City. La publicité le montre en train de fabriquer des bols sur le tour à bois.
Dans les faits, c’est M. Besnard qui fabrique les bols qui portent le sceau du Tourneur des bois, à l’effigie de M. Duvernay-Tardif. Ces bols sont mis en vente par Go Daddy et les profits sont remis à la Fondation Laurent Duvernay-Tardif, qui vise à encourager les jeunes à bouger et à poursuivre leurs études.
«En fait, c’est moi le Tourneur des bois. Je le fais parce que c’est une cause Nòb», rigole M. Besnard, en faisant référence au nom de son entreprise.
Cette campagne publicitaire, qui a été mise en onde le 25 juin, sera diffusée pendant un an. On peut apercevoir une publicité de 30 secondes à la télévision et de 60 secondes sur le Web. Une page complète de publicité a aussi paru dans La Presse+.
Une seconde ronde de cette publicité sera diffusée dans les mois à venir et de nouveaux produits, fabriqués par M. Besnard, seront présentés et mis en vente.
Boutique
Il est possible d’admirer le travail de Gilbert Besnard et de faire l’achat de ses pièces par le biais de sa boutique en ligne sur le site Internet www.bwanob.com. Il est aussi très actif sur sa page Facebook BWA NÒB.
«Mon but, c’est d’être assez connu pour que mon stock roule, confie M. Besnard. Je crée mon propre bonheur avec ça. Je vois les gens qui apprécient ce que je fais et ça m’apporte ma propre satisfaction.»