Rivière Richelieu et la baie Missisquoi: embauche d’un expert pour réviser les cotes d’inondation

ENVIRONNEMENT – La MRC du Haut-Richelieu vient de confier un mandat à la firme WSP, de Laval, pour réviser les cotes d’inondation de la rivière Richelieu et de la baie Missisquoi. En fait, l’exercice devrait montrer que les niveaux établis par le gouvernement ne sont pas valides, mais sa portée sera plus large.

Ce mandat est l’aboutissement de longues revendications de l’Association des citoyens de la plaine inondable (ACPI). Des revendications qui ont parfois donné lieu à des prises de bec en séance du conseil municipal et de la MRC. Mais tous ont fini par se retrouver sur la même longueur d’onde.

De longue date, les membres de l’ACPI affirment que les niveaux utilisés pour définir les limites de la zone inondable ne sont pas valides. Le groupe soutient en outre que l’élargissement du canal de Chambly, au début des années 70, maintient artificiellement le niveau élevé et, par conséquent, qu’ils perdent des droits sur une partie de leur propriété.

L’ingénieur Pierre Dupuis en est convaincu. C’est lui qui a redéfini la carte des zones inondables à Laval, une expertise que le gouvernement du Québec n’a pas contestée. Et c’est lui que l’ACPI avait recommandé à la Ville et à la MRC. Son mandat réalisé au coût de 12 500$ ne vise pas à établir de nouvelles cotes, un travail beaucoup plus exhaustif et coûteux. La MRC lui demande de valider les prétentions de l’ACPI et de lui donner des arguments pour réclamer du gouvernement qu’il reprenne l’exercice.

Portée

Une révision des limites de la zone inondable de récurrence 20 ans pourrait en exclure des propriétés. Les citoyens pourraient alors intervenir sur leur terrain, notamment en le rehaussant et en immunisant les bâtiments contre les inondations.

Une nouvelle carte pourrait aussi devenir un élément de preuve dans le procès sur la ligne hydrique qui établit la limite des propriétés en bordure de la rivière. Le rapport devrait aussi démontrer l’impact de l’élargissement du canal. Enfin, ce sera assurément de l’information pertinente pour des interventions devant la Commission mixte internationale sur les eaux limitrophes qui vient d’entreprendre une étude sur les inondations de 2011.

Arguments

Neuf des quatorze municipalités de la MRC sont riveraines du Richelieu ou de la baie Missisquoi. Les données pourront servir localement dans chacune des municipalités. En adoptant la résolution, le préfet, Michel Fecteau, aussi maire de Saint-Jean-sur-Richelieu, a mis en évidence que les municipalités et les élus n’ont pas l’expertise pour défendre une révision de la zone inondable face aux fonctionnaires de Québec. Les données de M. Dupuis seront un outil pour le faire.

L’ACPI avait organisé une visite de terrain à Philipsburg et à Venise-en-Québec, sur les campings des frères Guy, Marcel et Gaston Florent, le 23 septembre. Les députés Jean Rioux et Denis Paradis, de même que des élus municipaux, dont le maire Fecteau, s’y sont rendus. Le but de la rencontre était de montrer l’érosion causée par la hausse du niveau d’eau depuis les années 70. Un peu partout, des arbres centenaires déracinés jonchent le rivage.

L’ingénieur Pierre Dupuis y était aussi. Il a expliqué que depuis quelques années, il a réalisé plusieurs mandats privés sur le Richelieu et la baie Missisquoi. Il a obtenu de tous les clients de pouvoir utiliser les données aux fins du mandat de la MRC. À cela s’ajouteront les données hydrométriques gouvernementales de plus d’un siècle. Il prévient que son but est de donner l’heure juste. «Je ne dis pas que ça va faire votre affaire, mais je veux vous donner l’heure juste». Et visiblement, il semble prêt à défendre son travail devant les fonctionnaires.