Course à pied: populaire grâce aux femmes

SPORT – Cette vague d’amour pour la course à pied qui déferle entre autres sur le Québec est grandement attribuable à une forte participation des femmes.

En 2015, elles représentaient plus de la moitié des coureurs de 1 km, 5 km et 10 km, selon Iskio. Pour le 5 km, cette proportion atteint 62 %. Pourtant, les femmes s’étaient faites plus discrètes lors de la première vague de popularité pour ce sport, au début des années 1980.

Les femmes participent davantage à cette deuxième vague pour deux raisons, selon le docteur en physiologie de l’exercice, Guy Thibault.

«Au moment où la course aurait pu devenir populaire chez les femmes, il y avait cette idée qui circulait de façon plus ou moins officielle que la course à pied ne serait pas bonne pour le système reproducteur féminin, indique-t-il. Même si ce n’était pas bien documenté, ç’a influencé les gens.»

Aussi, les nombreux articles sur ce sport et ses adeptes – notamment les personnalités publiques – auraient un effet d’entraînement. «Un des motifs extrêmement importants, c’est le sentiment d’affiliation, précise Dr Thibault. Faire de la course, c’est dire : "Je fais partie d’un groupe qui fait quelque chose qui est in." Ça entretient beaucoup la motivation.»

De plus, certains experts soutiennent qu’au début des années 1980, les manufacturiers ont tardé à produire des vêtements et des chaussures de courses qui plaisaient aux femmes, évoque Guy Thibault. Les gadgets électroniques, qui pullulent aujourd’hui, seraient aussi plus recherchés par les femmes. «Je ne suis pas d’accord avec cette théorie qui semble un peu sexiste. Mais c’est une hypothèse intéressante», mentionne Dr Thibault.

Saint-Valentin

Nicole Lussier, qui est conseillère municipale à Saint-Valentin, fait partie de ces femmes qui pratiquent la course à pied assidument. Elle court depuis 40 ans. «J’ai commencé au secondaire, dit-elle. On faisait des 5 km et j’ai eu la piqure.» Elle court régulièrement une distance de 4 km ou de 10 km, jusqu’à cinq jours par semaine.  «Je veux me rendre à 20 km, dit-elle. J’aimerais faire un demi-marathon cette année et éventuellement un marathon. Je pense que je suis prête.»

Et pourquoi se faire souffrir ainsi? «Pour les endorphines!, clame-t-elle. Je cours vers 17 h et j’en ressens les bienfaits toute la soirée. La course, c’est accessible. Je n’ai pas besoin d’attendre après personne et je n’ai pas besoin de me rendre à un endroit en particulier pour la pratiquer.»

L’an dernier, Mme Lussier a même commencé à courir pieds nus. Elle dit avoir consulté son médecin de famille et son ostéopathe avant de tenter cette expérience. «Courir pieds nus, c’est quelque chose de très euphorisant, dit-elle. J’éprouve alors un très grand sentiment de liberté.» 

EN CHIFFRES

+14 %

De 2014 à 2015, les parcours de 5 km ont gagné en popularité (+14 %), selon le site Iskio.

-1 %

De 2014 à 2015, les parcours de 10 km et le demi-marathon ont subi une baisse de 1 % de participants.

Avec la collaboration d’Ali Dostie