Détenue au Panama depuis 2009:Sandra Mallon poursuivra sa peine au Québec
Après des années de détention dans une prison surpeuplée du Panama, Sandra Mallon, une ancienne résidente de Saint-Blaise-sur-Richelieu, peut enfin revenir dans son pays. Selon la détenue, qui a signé sa demande de transfert ce mois-ci, elle sera transférée à la prison de Joliette avant Noël.
Seul hic: Mme Mallon ignore la date de son retour au Canada. «On m’a dit que ce serait dans la troisième semaine de décembre sans me préciser la date exacte pour des raisons de sécurité. Je pense qu’on va m’avertir seulement 24 heures à l’avance. Je trouve ça très ironique, car on ne s’est jamais préoccupé de la mienne depuis que je suis ici», dit celle qui a déjà vécu à Saint-Blaise-sur-Richelieu.
Sandra Mallon a été interceptée à l’aéroport de Panama City, le 17 août 2009. Les autorités l’ont envoyée en prison pour trafic international de drogue. Ils l’accusent d’avoir tenté de quitter le pays avec huit kilogrammes de cocaïne dissimulés dans sa ceinture dorsale.
La femme de 46 ans clame son innocence «depuis quatre ans, trois mois et dix jours». «Je suis contente de revenir au Canada, mais je ne suis pas d’accord de retourner en prison. Je n’ai jamais eu de procès équitable. Je vais clamer mon innocence jusqu’à ma mort», soutient-elle.
Peur et anxiété
Sandra Mallon passe par toute la gamme des émotions depuis deux semaines. Ne sachant ce qui l’attend, la peur et l’anxiété la rongent. «Je ne sais pas dans quoi je m’embarque. Je me sens comme du bétail transféré d’une place à une autre. Est-ce que je vais être menottée aux mains et aux pieds dans l’avion? Est-ce que je serai encore isolée, humiliée et enchaînée comme un chien?, se demande-t-elle. J’ai peur, je dors de moins en moins.»
Le manque de sommeil est devenu chronique chez Sandra Mallon. La vie dans une prison au Panama n’a rien de reposante. La détenue québécoise a souvent été témoin de bagarres, de meurtres et même d’une émeute.
«La tension est toujours palpable, raconte-t-elle. Les femmes sont laissées à elles-mêmes. Elles sont prêtes à tout pour attirer l’attention. Dans le fond, elles crient à l’aide, mais personne ne veut les entendre. Même le 9-1-1 ne veut pas répondre aux appels à moins qu’il y ait un mort.»
Surpopulation
La population carcérale de la prison est au double de sa capacité. Faute d’espace suffisant, plusieurs détenues dorment sur le sol. La promiscuité crée des frictions et les conditions de détention se dégradent.
L’an dernier, Sandra Mallon a été victime d’une tentative d’empoisonnement.
Depuis, elle a été transférée dans «le bâtiment de la liberté», une aile à sécurité minimale sans portes, ni barreaux.
«On bloque notre entrée avec un drap pour avoir un peu d’intimité. Les deux détenues avec qui je partage une cellule sont tranquilles, mais ce n’est pas de tout repos ici. Je vois circuler des femmes armées de couteaux, de barres de fer, de machettes et de gourdins.
«Je suis même tombée face à face avec une détenue qui portait un plastron anti-émeute. J’avais l’impression d’être devant Robocop!», lance-t-elle avec une pointe d’humour.
Coquerelles
Les conditions sanitaires laissent aussi à désirer. La nourriture laissée sur un comptoir devient rapidement la cible des coquerelles, particulièrement coriaces dans cette partie du globe. Serpents, scorpions et lézards s’infiltrent régulièrement dans les cellules. En revanche, l’infirmerie est dépourvue de tout. «Je n’y ferais même pas soigner mon chien», déclare Mme Mallon.
La détenue a peu de contacts avec sa vie passée. Ses liens familiaux sont rompus. Elle parle régulièrement à un ami qui habite dans la région ainsi qu’à une amie d’enfance. Là s’arrêtent ses échanges. «Oui, je suis contente de revenir, dit-elle, mais j’ai l’impression d’être encore en 2009.»