Le film «Saturday Night» présente le moment où la culture a changé, selon Reitman

TORONTO — En grandissant, Jason Reitman a trouvé du réconfort dans les sketches comiques. Pour le Montréalais d’origine, «Saturday Night Live» (SNL) était plus qu’une simple émission: c’était un sanctuaire pour les marginaux comme lui.

«En tant que mordu de comédie, on se sent toujours un peu comme un marginal. On ne se sent pas comme un enfant cool. Je me souviens juste d’avoir regardé SNL pour la première fois et de m’être dit: « Ils font ça toutes les semaines? »(…) Il y aurait de quoi parler à l’école tous les lundis matins», s’est souvenu le scénariste et réalisateur canado-américain en entrevue lors du Festival international du film de Toronto, plus tôt ce mois-ci.

«De la même manière que SNL est comme un orphelinat pour les humoristes rebelles, l’émission elle-même rassemble tous les mordus de la comédie qui se sentent comme des marginaux, car elle ne se contente pas de vous faire rire, mais vous apprend aussi ce qui peut être drôle chaque semaine.»

Après la sortie de sa comédie dramatique à succès «Juno» en 2007, Reitman a dit à son agent que l’un de ses rêves était d’écrire pour SNL. Il a eu sa chance cette année-là en écrivant pendant une semaine sur l’émission.

«Ces minutes et ces secondes qui précèdent la diffusion en direct sont comme la Coupe Stanley et le Super Bowl réunis en un seul. L’adrénaline est folle», a-t-il déclaré.

Changer une culture «en un instant»

Reitman a voulu capturer cette énergie turbocompressée dans «Saturday Night», une dramatisation des 90 minutes chaotiques qui ont précédé le tout premier épisode de l’émission de sketches comiques en 1975. Le film sort à Toronto vendredi, suivi d’une sortie en salle le 11 octobre, exactement 49 ans après le début de l’émission sur NBC.

Gabriel LaBelle, de Vancouver, joue le rôle d’un Lorne Michaels dépassé par les événements, l’architecte canadien de l’émission qui doit faire face à une myriade d’obstacles tout en guidant une troupe d’humoristes et d’auteurs néophytes. La distribution comprend Dylan O’Brien dans le rôle de Dan Aykroyd, Cory Michael Smith dans celui de Chevy Chase et Nicholas Braun dans celui d’Andy Kaufman et de Jim Henson.

«Je voulais que le public ressente non seulement ce que c’était de lancer un épisode en direct, mais aussi ce que c’était de voir une culture changer en un instant», a expliqué Reitman.

Reitman dit que son célèbre père Ivan, qui a réalisé plusieurs films avec d’anciens de SNL, dont John Belushi et Bill Murray, fréquentait les mêmes cercles que les acteurs canadiens Aykroyd et Valri Bromfield, ainsi que les musiciens Howard Shore et Paul Shaffer, qui étaient tous impliqués dans les débuts de l’émission.

Malgré toutes les histoires qu’il a pu apprendre en grandissant, Reitman dit qu’il a fait de son mieux pour s’assurer que chaque détail de son film soit exact. Lui et son partenaire d’écriture Gil Kenan ont interviewé «toutes les personnes vivantes que nous avons pu trouver qui étaient dans le bâtiment cette soirée-là».

Reitman a déclaré que les nombreux obstacles affrontés par Michaels et son équipe dans le film – du refus de John Belushi de signer son contrat à Milton Berle qui s’est exhibé – sont tous basés sur des histoires vraies.

Cependant, lorsque Reitman a interviewé Michaels lui-même, le natif de Toronto n’a mentionné aucune anxiété personnelle à propos de cette première émission.

«Lorne ne communique pas son stress. Lorne est un fleuve de coolitude et il n’aime pas non plus regarder dans le rétroviseur», a-t-il expliqué.

«Je suis le producteur, je suis le père»

Jason Reitman affirme que l’histoire la plus intrigante qu’il a apprise était que Michaels devait initialement animer «Weekend Update», le segment emblématique connu pour son approche satirique de l’actualité et des nouvelles.

«Je pense que c’était un moment où il a dû réaliser: « Je ne suis pas l’interprète, je suis le producteur, je suis le père. Je ne suis pas censé être devant la caméra. Je suis la personne qui va permettre à tous ces grands acteurs comiques de faire carrière »», a souligné Reitman.

Il pense qu’une partie du succès de Michaels peut être attribuée à la fois à son regard marginal de Canadien et à sa capacité à reconnaître les «talents méconnus».

«Il était capable de regarder quelqu’un comme John Belushi, qui ne ressemblait à personne à la télévision, ou Dan Aykroyd, qui ne ressemblait à personne à la télévision, et de savoir qu’ils étaient des vedettes. Et cela a continué avec Adam Sandler et Will Ferrell», a expliqué le cinéaste.

«Lorne a constamment été capable d’évoluer et de comprendre: « Quelle est la prochaine étape de la comédie? Où allons-nous d’un point de vue évolutionnaire? » Il fait cela depuis 50 ans et je dois penser que cela est en partie dû à son histoire d’origine, à son origine torontoise et à sa perspective canadienne du monde.»

Quel est le point de vue de Michaels sur «Saturday Night»?

«Lorne est un homme réservé, mais je dois dire qu’il y a quelques semaines, j’ai reçu une belle lettre de félicitations de sa part», a indiqué Jason Reitman.