Daniel Daoust accusé d’homicide involontaire: le verdict du juge est attendu à l’automne
Justice. La décision du juge Dominique Dudemaine au procès de Daniel Daoust, accusé d’avoir causé la mort d’Erick Huot et commis un homicide involontaire, est attendue cet automne.
Le procès de sept jours a pris fin le 5 juin, par les plaidoiries des avocats.
Le 25 août 2021, le corps de la victime a été retrouvé dans le garage de la maison de la rue Manon, à Clarenceville, où résidait l’accusé.
Celui-ci a invoqué la légitime défense pour expliquer les coups portés à la victime qui l’aurait agrippé par-derrière. Il se serait défendu, aurait réussi à fuir après avoir enfermé Huot dans le garage où se sont déroulés les événements. Daoust s’est rendu au petit matin chez son beau-frère, sur la rue Front, à Clarenceville. Il voulait que ce dernier l’accompagne pour retourner chez lui. Le beau-frère a plutôt décidé d’appeler la police. Par la suite, une ambulance a transporté l’accusé blessé à l’hôpital.
Défense
Pour la défense, les projections et les traces de sang de la victime relevées dans le garage sont compatibles avec le témoignage de son client qui a décrit le déroulement de l’attaque dont il soutient avoir été victime, mais en ignore encore la raison.
Me Richard Prihoda a insisté sur le fait qu’à la suite de l’autopsie, la Dre Caroline Tanguay, pathologiste judiciaire, n’a pu établir de cause du décès de la victime qui avait des blessures à la tête, mais ne présentait pas de marque de fracture du crâne et de lésion au cerveau. Pour la défense, la pathologiste n’a formulé qu’une hypothèse basée sur des présomptions voulant que la victime ait pu subir une commotion cérébrale sans que cela paraisse à l’examen comme cela serait le cas lors d’une mort rapide. L’avocat a mentionné aussi que l’autopsie a révélé que Huot avait un cœur anormalement gros. Un tel état peut entraîner la mort. Il a évoqué aussi la possibilité que la victime ait pu souffrir d’un coup de chaleur mortel.
Il considère que son client a témoigné de façon ordonnée et transparente sans minimiser quoi que ce soit. Il est normal, a ajouté l’avocat, que l’accusé ne puisse pas répondre à toutes les questions puisqu’on ne se retrouve pas tous les jours dans une situation comme la sienne.
Me Prihoda a parlé du comportement bizarre, imprévisible, erratique, paranoïaque, voire agressif, de Huot qui était saoul comme l’ont témoigné d’autres personnes qui se sont retrouvées chez l’accusé durant la journée qui a précédé le drame. Difficile de croire qu’après leur départ, Huot ne se soit pas comporté de la même façon, a fait valoir Me Prihoda. « Mon client a eu peur pour sa vie », a lancé l’avocat pour qui le témoignage de l’accusé ne peut être écarté et soulève un doute raisonnable.
Poursuite
La menace que pouvait représenter la victime Huot pour l’accusé Daoust a été contestée par la poursuite. Les deux hommes avaient une taille semblable, a fait remarquer Me Clémence Giroux, procureure de la Couronne. L’accusé a décrit les incapacités physiques dont il souffre à la suite de nombreux accidents de la route. En revanche, Huot aurait été en pleine forme, ce que trouve peu probable la poursuite compte tenu des nombreuses livraisons de cocaïne que lui faisait l’accusé.
Sur la version de Daoust, qui aurait été réveillé en pleine nuit par Huot pour aller voir les motos dans le garage, la procureure fait observer que la victime avait pourtant passé toute la journée chez l’accusé sans aller au garage. L’accusé a trouvé sa demande normale.
Une fois dans le garage, Huot voulait entendre le bruit d’une des motos. L’accusé raconte s’être retourné pour aller chercher les clés dans la maison. Huot l’aurait alors attrapé par le cou, appliquant une prise d’étranglement. Daoust a dit s’être dépris en tassant le bras de la victime, puis il a pivoté. Huot aurait saisi l’accusé au corps en le serrant très fort. C’est à ce moment que Daoust aurait eu des côtes fêlées.
Puis les deux individus seraient tombés au sol et Daoust se serait retrouvé à cheval sur Huot. Il aurait saisi un bâton pour le frapper. Daoust aurait réussi à agripper les poignets de Huot. L’accusé était par-dessus la victime et aurait mis tout son poids pour le maîtriser. À un moment, il aurait senti la résistance de Huot faiblir et aurait réussi à s’échapper du garage après avoir embarré Huot.
Pourquoi Daoust n’a pas pensé appeler la police ou à courir chez un voisin pour obtenir de l’aide plutôt que se rendre chez son beau-frère, a questionné la procureure.
Garage encombré
La Couronne s’est employée à démontrer méticuleusement que la version de l’accusé n’est pas compatible avec les conclusions de l’étude des projections du sang de la victime dans le garage. Une preuve objective, a fait valoir la procureure.
En raison de la blessure à l’omoplate de la victime, il faut qu’il ait reçu un coup dans le dos qui l’aurait fait basculer à l’avant, a-t-elle aussi signalé.
Quant aux égratignures au visage de Daoust, elles ne pourraient s’expliquer que par la réaction de la victime voulant se protéger. De même, les plaies de défense sur un bras de Huot ne seraient pas compatibles avec le récit de l’accusé et seraient la conséquence d’impacts.
Le garage étant tellement encombré d’objets, la Couronne ne pense pas qu’il y ait pu y avoir grand tiraillage. Dans l’altercation, Huot se serait retrouvé rapidement au sol d’autant plus qu’il était intoxiqué. La pathologiste a déterminé 14 zones d’impact à la tête de la victime qui, combinées à l’état d’intoxication de la victime, auraient pu altérer son état de conscience.