Blanchet accuse les libéraux de faire du caribou forestier un enjeu partisan

MONTRÉAL — Le Bloc québécois accuse le gouvernement libéral de faire du caribou forestier un enjeu partisan.

Yves-François Blanchet exhorte le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, à renoncer à imposer un décret et à plutôt discuter de la question avec les experts du milieu forestier et le gouvernement du Québec.

«Je demande formellement au ministre d’admettre que la forêt québécoise n’est pas de juridiction fédérale, c’est une juridiction exclusive du Québec. C’est seulement dans ce cadre-là, autant en termes environnementaux qu’en termes purement économiques, qu’une solution doit être trouvée à la crise actuelle sur le caribou forestier. La crise est sérieuse et elle s’aggrave», a déclaré le chef du Bloc en point de presse à Ottawa, jeudi après-midi.

M. Blanchet suggère à M. Guilbeault de suspendre les consultations et de les reprendre après le 30 septembre, une fois que celles du gouvernement du Québec auprès des Premières Nations seront conclues.

Le 21 juin dernier, la Cour du Québec a donné raison à Mashteuiatsch et à Essipit, qui jugeaient ne pas avoir été consultées adéquatement par le gouvernement Legault. Ce dernier a jusqu’au 30 septembre pour rectifier le tir.

«Je pense qu’il est logique, élémentaire même, de la part du ministre de donner au moins jusqu’au 30 septembre au gouvernement du Québec avant de commencer ses consultations. Le jugement de la Cour du Québec donne une occasion exceptionnelle au ministre Guilbeault de dire: « on suspend les consultations, on les reprendra après le 30 septembre ». C’est la seule chose qui doit être faite d’ailleurs: donner du temps et des moyens au gouvernement du Québec pour discuter avec les forestières, dans la perspective de la préservation de l’espèce, d’un plan qui doit s’inscrire dans la durée.»

Il a souligné avoir parlé à plus d’une reprise à la ministre provinciale des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, et qu’elle est «totalement de bonne foi dans ce dossier».

Selon M. Blanchet, imposer un décret est «la pire des solutions». «Je suis convaincu que des pistes de solutions existent pour que le ministre Guilbeault juge qu’il est préférable pour lui, sur le fond et en terme politique, de renoncer à ce décret éminemment malvenu. Au moins, faire un geste de bonne foi et retarder la suite des consultations après le 30 septembre», a-t-il affirmé.

«La seule solution, qu’on préconise depuis des mois, c’est une discussion entre les extrêmes sur un modèle qui, sur le moyen terme, va assurer la préservation de l’espèce. Cette discussion doit être posée, calme et sérieuse sur la base de la connaissance et de la science», a-t-il ajouté.

Autre argument apporté par le chef du Bloc québécois: le moment est mal choisi. «En plein été, les gens du milieu de la forêt sont en forêt. C’est le plus mauvais moment pour consulter les gens dont c’est la principale période d’activité», a-t-il indiqué.

Un raisonnement «éminemment politique»

M. Blanchet s’inquiète des répercussions sur l’industrie forestière et certaines régions du Québec.

«Le ministre a réagi avec une étonnante légèreté, presque de façon goguenarde, à l’analyse qui a été faite par le Forestier en chef du Québec selon laquelle il y aurait 1,4 million de mètres cubes de bois qui seraient retirés du prélèvement possible en forêt. Je pense que le ministre Guilbeault doit prendre la mesure de ce que c’est 1,4 million de mètres cubes de bois. À titre d’exemple, c’est deux fois la perte totale de bois des grands feux de 2023. Si les grands feux de 2023 étaient un drame épouvantable pour le milieu forestier, imaginez ce que seraient les effets du décret, qui sont le double de cette perte-là.»

M. Blanchette croit que le raisonnement de M. Guilbeault est «éminemment politique».

«Il y a une espèce de courte vue, un peu idéologique et étonnante. Le ministre n’impose pas un décret à l’industrie pétrolière pour qu’elle retienne ses activités au large de Terre-Neuve, qui est une zone où normalement la baleine noire se tient. Mais non, les pétrolières pourront aller faire de la prospection pour aller faire de l’exploration et, éventuellement, de l’exploitation.»

À son avis, le gouvernement libéral de Justin Trudeau est «indifférent au sort des 2000 travailleurs, des villages complets menacés de fermeture et de deux entreprises qui souffrent beaucoup: Boisaco et Chantiers Chibougamau».