Le Manitoba prêt à accueillir des demandeurs d’asile arrivés au Québec

HALIFAX — L’appel à l’aide lancé par François Legault aux autres provinces pour accueillir des demandeurs d’asile arrivés au Québec a été en partie entendu.

Le Manitoba a levé la main mercredi pour en recevoir, ainsi que d’autres provinces, en réclamant l’aide financière du fédéral, mais on n’accourt pas pour aider le Québec.

Depuis plusieurs mois sur toutes les tribunes, le premier ministre Legault déplore que le Québec accueille pratiquement la moitié des demandeurs d’asile au pays, alors que son poids démographique dans le pays équivaut à 22 %.

Il y en avait 190 000 au Québec au deuxième trimestre de cette année. L’immigration est une compétence partagée entre le Québec et Ottawa, mais c’est le fédéral qui est en charge des demandeurs d’asile.

«Nous serions prêts à accueillir des nouveaux arrivants, surtout de la francophonie», a dit le premier ministre manitobain, Wab Kinew, à la conférence de presse de clôture de la réunion du Conseil de la fédération qui se tenait à Halifax jusqu’à mercredi.

Mais il n’a pas précisé combien pourraient venir s’installer au Manitoba.

Il a précisé que sa province a besoin de l’aide du gouvernement fédéral pour construire davantage de logements abordables et mieux financer les services de santé.

«Si le gouvernement fédéral est là pour nous aider, nous pourrons être capables de collaborer avec soit le Québec ou les autres provinces pour améliorer cette situation.»

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a aussi laissé entendre que sa province était prête à accueillir un nombre de demandeurs d’asile qui correspond à la proportion de sa population dans la fédération canadienne.

«Peut-être que Terre-Neuve et Labrador n’en accueille pas autant qu’elle le devrait», a-t-il évoqué.

En outre, des provinces ont aussi grincé des dents puisqu’Ottawa a versé 750 millions $ au Québec pour défrayer les coûts engendrés par l’accueil des demandeurs d’asile.

«Ce n’est pas juste que le Québec reçoive ce montant et pas les autres provinces, a reconnu M. Legault. Je préférerais recevoir moins d’argent et recevoir moins de demandeurs d’asile.»

Invités à commenter et à indiquer combien de demandeurs d’asile ils seraient prêts à recevoir, d’autres premiers ministres ont été beaucoup plus vagues. L’Ontario et l’Alberta ont laissé entendre qu’ils faisaient déjà leur part.

La première ministre albertaine Danielle Smith a indiqué que sa province représente 12 % de la population canadienne, mais accueille 22 % du total de l’immigration au pays, donc pas seulement le compte des demandeurs d’asile.

«Nous voulons faire notre part, mais cela met de la pression sur le logement, (…), l’éducation», a-t-elle argué.

Pour sa part, son homologue de l’Ontario, Doug Ford, a aussi soulevé que l’accueil massif de nouveaux arrivants, dont des milliers de demandeurs d’asile chaque mois, coûtait 1 milliard $ par an à son gouvernement, alors qu’il n’a obtenu que 162 millions $ du fédéral.

Il exige que le fédéral traite plus rapidement les demandes de permis de travail plutôt que de parquer les demandeurs dans des hôtels à attendre.

«Ça brise le coeur», a-t-il commenté.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a aussi soutenu que sa province accueillait déjà beaucoup d’immigrants.

Il réclame notamment plus de clarté et de cohérence du fédéral dans l’admission et la sélection des nouveaux arrivants.

«Il faut trouver l’équilibre (entre l’accueil des immigrants) et la construction de nouveaux logements», a-t-il affirmé.

La veille, François Legault avait réussi à obtenir un front commun des provinces: elles demandent toutes au fédéral une «juste répartition» et un «contrôle» des demandeurs d’asile en fonction de la capacité de chaque province et territoire à fournir des logements et services.

Au deuxième trimestre de cette année, selon Statistiques Canada, le Québec accueillait un total de 597 000 résidents non permanents, soit déjà 47 000 de plus que le trimestre précédent. À titre de comparaison, au deuxième trimestre de 2023, ils étaient 421 000.

«On n’est pas capables d’intégrer ces personnes, il nous manque de logements, il nous manque de personnel, beaucoup sont à Montréal et ne parlent pas français», a déploré M. Legault mardi.

Dans le total des résidents non permanents, il y a 190 000 demandeurs d’asile et 407 000 titulaires de permis de travail et d’études, et les membres de leur famille.

En vertu d’un accord Canada-Québec signé en 1991, le Québec contrôle le volume d’entrée de ses futurs résidents permanents, les immigrants économiques, ainsi que leur intégration et francisation. L’immigration économique a représenté 66 % de l’immigration permanente en 2022.

Le fédéral s’occupe des réfugiés, de la réunification familiale et des enjeux liés à la citoyenneté.

Le Québec peut recevoir un pourcentage du total des immigrants arrivant au Canada qui équivaut à la proportion de sa population au sein de la fédération. À l’heure actuelle, le poids démographique du Québec est d’environ 22,3 % de la population canadienne.

Le premier ministre fédéral Justin Trudeau avait déjà dit que le Québec avait la «pleine capacité» d’accueillir 112 000 immigrants par an, donc un peu plus de 22 % de la cible de 500 000 immigrants permanents que son gouvernement veut accueillir par an d’ici à 2025.