Le secrétaire d’État américain Antony Blinken est de passage en Ukraine
KYÏV, Ukraine — Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est arrivé à Kyiv mardi dans le cadre d’une mission diplomatique inopinée pour rassurer l’Ukraine au sujet du soutien des États-Unis, alors que le pays lutte pour se défendre contre les attaques russes de plus en plus intenses.
«Nous savons que c’est une période difficile», a reconnu M. Blinken lors de son passage dans la capitale ukrainienne, où il a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Cette visite est survenue moins d’un mois après que le Congrès américain a approuvé un plan d’aide longtemps retardé qui prévoit 60 milliards $ US d’aide à l’Ukraine, dont une grande partie servira à reconstituer l’artillerie et les systèmes de défense aérienne gravement épuisés.
L’aide du nouveau programme «est désormais en route», a assuré M. Blinken, ajoutant qu’une partie de cette aide était déjà arrivée en Ukraine.
Il a mentionné que l’aide «fera une réelle différence» sur le champ de bataille, où l’armée russe a, dans certaines zones, pris l’initiative contre les forces épuisées de Kyiv.
Lors de ce quatrième voyage à Kyiv depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, M. Blinken soulignera l’engagement de l’administration Biden en faveur de la défense et de la sécurité à long terme de l’Ukraine, ont soutenu des responsables américains.
Ils ont noté que depuis que le président Joe Biden a signé le programme d’aide, à la fin avril, l’administration a déjà annoncé 1,4 milliard $ US d’assistance militaire à court terme et 6 milliards $ US de soutien à long terme.
Il «essaie d’accélérer réellement le rythme» des expéditions d’armes américaines vers l’Ukraine, a souligné le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan.
De l’artillerie, des intercepteurs de défense aérienne et des missiles balistiques à longue portée ont déjà été livrés, certains d’entre eux étant déjà aux lignes de front, a déclaré un haut responsable américain voyageant avec le secrétaire d’État dans un train de nuit en provenance de Pologne.
M. Blinken «enverra un signal fort de réconfort» aux dirigeants ukrainiens et aux personnalités de la société civile qu’il rencontrera au cours de sa visite de deux jours, a précisé ce responsable, qui s’est entretenu avec les journalistes sous couvert d’anonymat avant les réunions de M. Blinken.
Dans un communiqué publié après l’arrivée de M. Blinken en sol ukrainien, le Département d’État a indiqué qu’il s’entretiendrait avec M. Zelensky et d’autres hauts responsables ukrainiens «pour discuter des mises à jour sur le champ de bataille, de l’impact de la nouvelle aide américaine en matière de sécurité et économique, de la sécurité à long terme et d’autres engagements, ainsi que des travaux en cours pour soutenir la reprise économique de l’Ukraine».
«Combats féroces»
Les retards dans l’envoi de l’aide américaine, en particulier depuis que la guerre entre Israël et le Hamas a commencé à préoccuper les hauts responsables de l’administration Biden, ont suscité de profondes inquiétudes à Kyiv et en Europe.
M. Blinken, par exemple, s’est rendu sept fois au Moyen-Orient depuis le début du conflit à Gaza, en octobre. Son dernier voyage à Kyiv remontait au mois de septembre.
De hauts responsables de l’administration Biden et des responsables ukrainiens de la sécurité nationale ont tenu un appel lundi «au sujet de la situation sur le front et des capacités dont ils ont le plus besoin».
M. Zelensky a mentionné dans les derniers jours que des «combats féroces» se déroulaient près de la frontière dans l’est et le nord-est de l’Ukraine. Des soldats ukrainiens, sous-armés et en infériorité numérique, tentaient alors de repousser une importante offensive terrestre russe.
Les forces du Kremlin visent à exploiter les faiblesses ukrainiennes avant que l’aide militaire américaine et celle d’autres partenaires européens n’arrivent sur le champ de bataille, estiment les commandants et analystes ukrainiens.
Cela fait de la période actuelle une fenêtre d’opportunité pour Moscou et l’une des plus dangereuses pour Kyiv dans cette guerre qui s’étire depuis deux ans, disent-ils.
Des gains toujours possibles
La nouvelle offensive russe dans la région de Kharkiv, au nord-est, et celle dans la région de Donetsk interviennent après des mois où la ligne de front d’environ 1000 kilomètres a à peine bougé. Entre-temps, les deux camps ont eu recours à des frappes à longue portée dans ce qui est devenu en grande partie une guerre d’usure.
M. Zelensky a dit à M. Blinken que l’Ukraine avait un besoin urgent de deux systèmes de défense aérienne Patriot pour protéger Kharkiv.
Le haut responsable américain a fait valoir que malgré certains revers, l’Ukraine pouvait encore remporter des victoires significatives. Il s’agit notamment de récupérer environ 50 % du territoire conquis par les forces russes au cours des premiers mois de la guerre, de renforcer sa situation économique et d’améliorer les liaisons de transport et commerciales, notamment grâce à des succès militaires en mer Noire.
Le responsable a reconnu que l’Ukraine faisait face à «un combat difficile» et était «sous une pression énorme», mais a affirmé que les Ukrainiens «deviendront de plus en plus confiants» à mesure que la nouvelle aide américaine et occidentale continuera à arriver.
M. Blinken a avoué dimanche qu’il n’y avait «aucun doute» que le retard de plusieurs mois dans l’envoi de l’aide avait causé des problèmes, mais il a ajouté que les États-Unis font tout en leur possible pour corriger le tir rapidement.
«Nous n’allons nulle part, pas plus que la cinquantaine de pays qui soutiennent l’Ukraine. Cela va continuer, et si (le président russe Vladimir) Poutine pense qu’il peut vaincre l’Ukraine et ses alliés, il a tort», a-t-il martelé en entrevue à CBS.