L’appel au 911 s’avère une preuve importante

Justice. L’enregistrement de l’appel au 911 s’est avéré être un élément de preuve déterminant au procès d’une femme de 29 ans trouvée coupable de s’être livrée à des voies de fait alors qu’elle utilisait une arme et d’avoir infligé des blessures à un homme qui l’hébergeait.

En prononçant le verdict de culpabilité le 23 février, le juge Éric Simard a rappelé l’appel fait au 911 par le plaignant, peu avant 5 h du matin, le 8 mars 2021.

En arrivant à Saint-Michel, au domicile du plaignant, les policiers trouvent son logement saccagé. De son côté, l’accusée allègue avoir été frappée par le plaignant, mais elle ne présente pas de blessure apparente. Par contre, l’homme est ensanglanté et blessé sérieusement au cou.

La femme est désorganisée et devient très agitée quand l’agente de police veut procéder à son arrestation. Vêtue légèrement, elle est invitée par la policière à s’habiller. En se rendant avec elle à la salle de bain, la policière est poussée par l’accusée. La femme est agitée et lance des objets dans la direction de la policière.

Version contradictoire

Outre le fait qu’il y a eu consommation d’alcool durant la soirée, la version des faits par les parties est diamétralement opposée. Pour l’homme, la soirée s’était terminée par un rapprochement sexuel, mais il s’endort. Il est réveillé par la femme hystérique qui le mord à l’avant-bras, saccage l’appartement, puis lui inflige une blessure importante à la gorge avec un objet.

La femme relate plutôt s’être réveillée et avoir résisté à l’homme qui voulait l’agresser sexuellement. Elle se défend avec une assiette lui causant la blessure au cou. Elle trouve refuge dans la salle de bain, accrochant peut-être au passage une table.

Quant à son comportement hystérique à l’arrivée des policiers, elle l’attribue au fait qu’étant originaire du Nouveau-Brunswick, la policière ne la comprenait pas et elle démontrait peu d’empathie. Ayant été élevée en Gaspésie, la policière a témoigné avoir bien compris l’accusée.

Appel 911

Le juge a trouvé invraisemblable et non crédible la version de l’accusée. Son témoignage était laborieux, difficile à suivre et manquait de transparence, a-t-il évalué. Sa version des faits est incompatible avec celle du plaignant, l’appel au 911 et les faits constatés par les policiers, a analysé le juge.

En regard de ces versions contradictoires, il pourrait sembler difficile de départager la recherche de la vérité. Or, un élément de preuve jette un éclairage important quant aux faits, soit l’enregistrement de l’appel aux services d’urgence 911.

Le juge Éric Simard

Version du plaignant

Quant à celle du plaignant, elle est corroborée par l’appel 911, estime le juge. En écoutant l’enregistrement, le juge dit qu’on peut percevoir la panique chez le plaignant qui requiert l’aide des policiers à de multiples reprises.

Durant l’attente des policiers qui dure sept minutes, le préposé du centre d’appels maintient le contact avec le plaignant. On y entend les cris de la femme et des bruits qui semblent être ceux d’objets qui tombent et se fracassent dans l’appartement. À un moment, l’homme s’exclame: « Tu viens de me piquer ». Il appelle au secours. Il supplie l’accusée d’arrêter. L’accusée ne peut alors prétendre à la légitime défense parce que le plaignant aurait employé la force contre elle, tranche le juge en référence à la blessure au cou de l’homme qui a nécessité plusieurs points de suture.

Culpabilité

Au début du procès, l’accusée avait reconnu sa culpabilité aux accusations de voies de fait sur les policiers et d’avoir causé des méfaits dans le logement.

Un rapport présentenciel sera rédigé pour permettre aux avocates, Me Stéphanie Vautour, pour la poursuite, et Me Gail Rollo, pour la défense, de présenter les observations sur la peine le 30 mai.