Le tiers des enfants de 5 ans exposés à des difficultés
Santé publique – Le tiers des enfants de cinq ans sont vulnérables dans au moins un domaine de leur développement sur le territoire de la MRC des Jardins-de-Napierville, qui regroupe 11 municipalités. Cette proportion dépasse à la fois celle de l’ensemble de la Montérégie (24%) et de la province (26%).
Le 12 septembre, la Direction de santé publique de la Montérégie rendait publics les résultats de la première Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle (EQDEM), réalisée entre février et mai 2012, pour le territoire couvert par les CLSC Châteauguay, Kateri et Jardin du Québec. En Montérégie, 14 000 enfants inscrits en maternelle cinq ans ont été évalués, portant le taux de participation à l’EQDEM à plus de 90%. Cette grande enquête sera répétée tous les cinq ans.
Le constat est le suivant: sur le territoire desservi par le CLSC Jardin du Québec (qui comprend Saint-Rémi, Saint-Michel, Saint-Édouard, Saint-Jacques-le-Mineur, Sainte-Clotilde, Sherrington, Saint-Cyprien, Napierville, Hemmingford village et canton et Saint-Bernard-de-Lacolle), 80 enfants sont vulnérables dans au moins un domaine de leur développement (santé physique et bien-être, compétences sociales, maturité affective, développement cognitif et langagier, habiletés de communication et connaissances générales).
Un enfant est jugé vulnérable dans un de ces domaines de développement lorsqu’il fait partie des 10% d’enfants québécois ayant les résultats les plus faibles dans celui-ci.
Bien que 70% des enfants de la région soient prêts à entreprendre leur parcours scolaire, les 30% d’entre eux qui sont vulnérables seront plus à risque de manifester des difficultés liées à l’apprentissage scolaire et à l’adaptation sociale, explique Manon Noiseux, de la Direction de santé publique. «Ce n’est pas un constat d’échec, mais un facteur de risques, soutient-elle. Ce n’est pas quelque chose d’irréversible.»
Sud de la MRC préoccupante
La situation est particulièrement préoccupante dans le sud de la MRC, où 35% des enfants sont vulnérables dans au moins un domaine de leur développement. Dans son rapport, la Direction de santé publique de la Montérégie indique que sur l’ensemble du territoire couvert par le CLSC des Jardins du Québec, la proportion d’enfants à la maternelle vulnérables est de 24% à Saint-Rémi, Saint-Michel, Saint-Édouard et Saint-Jacques-le-Mineur, comparativement à 35% pour l’ensemble des sept autres municipalités situées au sud de la MRC.
Si on compare les résultats des jeunes de la MRC des Jardins-de-Napierville à ceux des enfants de l’ensemble de la Montérégie, il appert qu’ils sont significativement plus nombreux à être vulnérables dans le domaine du développement cognitif et langagier (14,5% dans la MRC contre 9,7% en Montérégie). On remarque la même disparité des résultats pour ce domaine de développement entre les quatre municipalités situées au nord de la MRC (12,8%), comparativement aux sept autres qui se trouvent plus au sud (16,2%).
Le revenu, un facteur important
Dans son rapport, la Direction de la santé publique de la Montérégie indique que «de manière générale, la proportion d’enfants vulnérables augmente avec le niveau de défavorisation matérielle et sociale». L’EQDEM démontre que 30,5% des enfants vulnérables de la Montérégie proviennent d’un milieu défavorisé. La proportion est de 23,9% dans les milieux moyennement défavorisés et de 19,9% dans les milieux favorisés. Les enfants résidant dans un milieu défavorisé seraient donc plus susceptibles d’être vulnérables que ceux issus d’un milieu favorisé.
Cette situation est observable sur le territoire du CLSC des Jardins du Québec qui présente un taux d’enfants vulnérables de 30%, alors que le revenu médian des familles avec enfants est de 73 442$. Pour l’ensemble de la Montérégie, le taux d’enfants vulnérables est de 24%, mais le revenu médian des familles avec enfants est plus élevé, avec 78 193$.
Les effets de la garderie
L’EQDEM démontre aussi que les enfants de la Montérégie ayant fréquenté régulièrement un service de garde avant l’entrée à la maternelle sont moins susceptibles d’être vulnérables que ceux ne l’ayant pas fréquenté régulièrement. Près du quart (24%) des enfants vulnérables en Montérégie ont fréquenté le service de garde, alors que 35% ne l’ont pas fait.
Une analyse provinciale indique que les enfants vivant dans les milieux les plus défavorisés sont ceux qui profitent le plus de la fréquentation d’un service de garde. Au Québec, 44,3% des enfants vulnérables provenant d’un milieu très défavorisé n’ont eu aucune fréquentation préscolaire (ni maternelle 4 ans ni service de garde). La proportion chute à 36,1% chez ceux ayant fréquenté une maternelle quatre ans, à 26,7% chez ceux ayant fréquenté un service de garde et à 23% chez ceux ayant fréquenté un service de garde et la maternelle quatre ans.
L’écart s’amenuise chez les enfants vulnérables provenant d’un milieu très favorisé. 27,7% n’ont eu aucune fréquentation préscolaire, 23,6% d’entre eux ont fréquenté une maternelle quatre ans, 18,8% un service de garde et 22,8% ont fréquenté un service de garde et une maternelle quatre ans.
Moyens d’action
Selon le Dr Jean Rodrigue, directeur de la santé publique de la Montérégie par intérim, quatre pistes d’intervention doivent être privilégiées. Il estime qu’il faut agir auprès de tous les enfants. «Il est très important de faire la lutte à la pauvreté parce que les enfants défavorisés ont un peu moins de chances, explique le Dr Rodrigue, mais le nombre d’enfants vulnérables dans les autres classes de la société est important.» Il propose aussi d’apporter de l’aide aux parents, de soutenir la mise en place d’actions concertées dans la communauté, planifiées avec les parents et à plus grande échelle, d’influencer les choix de société. «Nous sommes des citoyens et on peut revendiquer des conditions de vie pour nos enfants.»
Plus de garçons vulnérables en Montérégie
En Montérégie, 30,8% des garçons sont vulnérables dans au moins un domaine de leur développement, alors que 17,5% des filles le sont. Les garçons sont aussi proportionnellement plus nombreux que les filles à être vulnérables dans chacun des domaines pris séparément. 63,6% des enfants vulnérables en Montérégie sont des garçons.
Avec la collaboration de Myriam Tougas-Dumesnil